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Journal d'une nonne libertaire.

7 octobre 2019

Départ

Comme une étoile filante piégée dans ton orbite, oh mon trou noir, ma matrice de déni, je sais ta peine, ton trouble et ta souffrance. Ce monde ravageur enferme ses nouveaux nés dans le cercueil, et l'ombre grandit qui referme ses crocs sur la chair si fraîche des âmes perdues. 

Elle agitait son trident dans le ciel d'azur, t'enveloppait dans ses nuages noirs, j'avais beau essayer, elle me jetait au sol, piétinait mes espoirs, jamais assez de sang sur mes mains, de frayeur dans mes yeux, d'arrogance dans ma voix. 

Je me suis roulé dans les souillures des ordures et comme un chien parfumé à l'odeur des déjections de gibier, je me suis approché d'elle si prêt que j'ai pu renifler son odeur, la peur! 

Terrorisée au fond de son lit, dissociée de sa base, ballotée comme une brindille emportée par les vents fous d'une tornade, l'ombre n'avait plus que la peau sur les os, et ces os ne tenaient plus ensemble. Un habile tortionnaire avait creusé en chacun, des trous à la chignole pour y  passer de fins fils de fer qu'il avait tordu entre eux pour rassembler la carcasse éparpillée lors de ses rites funèbres. 

J'étais face à la mort. Rien ne pousserait plus qui ne soit illusoire au sein de ce corps à moins qu'un miracle ne survienne; et ce miracle ne pouvait être moi. J'en fis mon deuil. 

Il serait long de t'expliquer les étapes pas lesquelles il m'a fallu passer. Disons qu'en bout de course, la joie et l'assurance me sont revenues aussi sûrement qu'une aube après la nuit. 

Je laisse là une pierre, de sorte que mon départ ne vienne à rompre ton équilibre fragile. Si tu décryptes les signes que j'ai gravés sur sa surface mi lisse, mi rugueuse,  lis les, c'est la prière dont je te pars avant mon ultime décollage, mon collier de pâtes pour ta fête des mères, car quoi qu'il en fut, tu as su être tendre, subtile et courageuse, malgré la fièvre rageuse que tu dispensais tous alentours, l'air de ne pas y toucher. 

Je m'en vais donc, libre de toi, libre de moi, libre de tout, libre pour tout. 

Si tu vois une étoile, au loin, sillonner le ciel, n'oublie pas de la croquer dans les petits carnets qui te permettent de rêver encore au milieu des cauchemars dont tu as tapissé ta hutte. Je serai pour toujours ta promesse, ton refuge,  ton île, ta citadelle. Plus tard un magicien, récoltera ce qu'il reste de toi et qu'aucune ombre ne ne pourra détruire, aurait-elle pour cela l'éternité devant elle. 

Un jour un magicien prendra soin de ta fleur. 

Un jour tu me reverras, posé sur ton coeur, étinceler tel une goûte de rosée, et l'amour d'une mère pour son enfant, d'un enfant pour sa mère, pourra naître.

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6 octobre 2019

L'autre

Je suis l'autre, cet autre qui gravite autour de toi, auquel tu te heurtes et cet autre au sein duquel tu te loves, cet autre, tous les autres, ceux à qui tu prêtes la probabilité d'être en vie, ceux que tu as laissés choir au fond de la fosse commune du grand cimetière,  ceux dont tu te sers pour le manche de tes outils et que tu assassines: ça ne respire pas, ça s'use sans crier, ça s'ébouillante sans fuire. 

Je te regardes qui t'interroges. Tu cherches, tu te cherches, tu arraches une à une les inscriptions gravées sur ta peau, tu malaxes tes formes, te rassures sans cesse en te disant que cette main, ce pieds, cette tête, sont unis, assemblés avec une colle indéfectible, et qu'ils le resteront le temps que tu te trouves. 

Au sein de ton esprit, les pensées défilent en armées bien ordonnées. Pas elles, pas ceci ni cela, je n'y suis pas, peut-être ne suis-je jamais née, certainement cet ensemble est un leurre... et tu m'oublies, chaque jour un peu plus, tu me repousses au loin, tu fermes la porte de tes sens... 

Mais tu ne pourras te fondre que lorsque tu m'auras reconnu, partout, vibrant, quelques secondes, une éternité, essence de ces autres auxquels tu n'offres à présent plus aucun intérêt. 

Souviens toi qu'enfant, tous tes efforts étaient tendus vers moi.

6 octobre 2019

L'évangile de l'ivrogne

Il a fait un premier pas de côté, puis un deuxième, un troisième... jusqu'à ne plus marcher droit. Il titubait entre les écueils de la vie, mais pire que cela, slalomait autour de ses joies, privé à jamais de sa saveur exquise. 

La mort a eu pitié de lui, elle a refermé ses ailes noires sur son maigre corps et son visage boursouflé. 

Nombreux furent ceux qui le pleurèrent le jour de ses funérailles, car ce dont il n'avait jamais goûté, beaucoup en firent festin à sa table qui ne désemplissait pas. C'était le meilleur des hôtes, et sous son toit, le malheur n'entrait pas. 

"Le sage ne marche pas droit mais le fou trace une flèche du bout de sa mire sur le ciel."

C'est l'évangile de l'ivrogne, un résumé des quatre livres. 

Le blasphème est notre foi.

28 septembre 2019

Le dieu éléphant

Je suis pleine de tendresse pour un jour au delà du lumineux, qui a chassé les ombres de ma nuit, le temps d'une éternelle étreinte. 

Il avance, les pas lourds et maladroits sur le sol, la tête emplie des brumes de ses angoisses, abandonné par beaucoup, ignoré de tant d'autres, réfugié sous le haut vent de sa grotte, encombrée, en désordre, et fait circuler ses yeux sertis de lunettes à la monture d'argent  entre les lettres qui racontent les histoires du monde. 

Dans mon village, on le dit fou, dangereux, c'est lui le Croque Mitaines, lui l'Ogre qui fait bouillir les chats dans son chaudron qui renferme l'écume des vagues et le sel de tous les océans. Quand on le voit, on éloigne les enfants, rentre le bétail, crache sur le seuil de sa porte. 

C'est l'être le plus solitaire que je connaisse. Il est l'Amour, et l'Amour dérange, qui fait de l'ombre aux anges, repousse la tristesse en recueillant les larmes et qui boit de la bière forte et sans saveur vendues à bas coût dans des cannettes en aluminium. 

Nous sommes peux, à connaître ce jour au delà du lumineux, peu à goûter de sa magie  et à se repaître de sa mémoire, aléatoire, malmenée, qui file à mesure que la masse des hommes l'oublie, mais ceux qui lui auront ouvert la porte resteront à jamais conquis par le charme de ce dieu à éléphant.

26 septembre 2019

Tu seras un père mon fils

Je suis homosexuel, je n'ai pas de partenaire fixe, je n'ai pas envie de m'engager dans une relation de couple, je suis pour l'amour libre si vous voulez. 

J'ai une situation financière stable qui me permet d'avoir une vie confortable, mon petit chez moi avec une pièce atelier. Je suis peintre à mes heures perdues, des amis musiciens, j'adore le  théâtre... 

J'ai la quarantaine bien tassée, je me suis offert quelques années en thérapie, on va dire que je suis clean psychiquement. 

Je m'assume, je souris à la vie. J'ai une famille bancale, mais aimante... On se réunis souvent, dans la joie, avec quelques discordes entre mon beau frère trop à droite à mon goût, ma soeur surconsommatrice, mon cousin qui n'a rien à envier au Ché et mon oncle évangéliste...  

Quand ça part en vrille, on fait une pause et on regarde les gosses. Le petit John est vaillant malgré ses problèmes de santé, la petite Margot n'a pas sa langue dans la poche... Jimmy est toujours aussi intrépide! 

À la fin, tous les regards se posent sur moi. Maman glisse avec espoir : "un jour, la société te donnera le droit d'être père, j'ai le coeur tellement grand que je pourrais être mamie d'une flopée de cent gamins!" Papa me jette un regard plein de respect et enchaîne: "tu seras un bon père mon fils, meilleur que je ne l'ai été... " . Et tous de trinquer au futur où j'arriverai les bras chargés d'un sac à langer, du casque et des genouillières de ma petite cascadeuse des skateparks, et du portable de mon ado, puni une fois de plus pour avoir passé plus de temps dans le monde virtuel que devant ses livres de cours... 

PMA, GPA adoption pour les couples homos... foutez nous la paix! Les enfants de cette planète ont plus besoin d'adultes responsables, équilibrés et aimants pour s'éveiller à leur humanité que de carquants moraux qui leur font vivre parfois, trop souvent, les pires infortunes, pourvu que leurs parents biologiques ou pas, répondent aux fichues lois étatiques ou religieuses héritées de sociétés plus obscurantistes, les unes que les autres.

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25 septembre 2019

Résilience

J'aurais aimé être bercé par un regard plein de tendresse le jour de ma naissance, mais j'ai été, comme tant d'autres que moi, reçu par des yeux dont les pupilles noires reflétaient la peur, la terreur, la violence extrême à mon encontre pour enfin se muer en un flot d'indifférence mêlé d'annihilation  du pauvre petit être que j'étais. 

La sage femme a soufflé, lasse: "encore un enfant qui dérange, un enfant qui déçoit, une de ces enfances lacérée à peine sortie du ventre maternel" 

Puis elle a ouvert sur moi ses prunelles pleines d'amour et de grâce, qui telles des caresses sur mon âme meurtrie, ont laissé l'éternelle promesse qu'un jour de ces failles, je ferais mes puissances.

J'ai longtemps évité de vraiment me regarder dans des glaces, de peur qu'elles ne me renvoient l'insistante bléssure, car je pensais avoir reçu comme héritage de mes parents désabusés, leurs orbites rougeoyantes et obscures comme des puits sans fonds. Mais un jour par mégarde, j'ai laissé s'ouvrir mes paupières sur la surface lisse d'un miroir que me tendait un insolent chérubin , souriant et confiant. 

Des yeux emplis d'amour et de grâce, illuminaient tels des soleils un visage aux traits fins dont le sourire invitait à la plus douce des étreintes. 

J'ai sérré contre mon coeur ce petit d'homme dont je pouvais enfin être le père. L'oeuvre de la bonne fée, présente au moment de mon arrivée en ce monde, était achevée. J'avais recouvré mes puissances.

13 septembre 2019

L'amont s'avale

Qui d'autre que l'ego capitalise la souffrance, la joie et ces moments de paix où il puisse dire, " me voici qui mérite ce moment de repos!" ?

Jette le au fond de la mare, et goute à ta vacuité, et le monde te semblera si vide que tu te pleureras néant. 

Parts à sa rencontre, grimpe sur son dos, faits corps à corps avec ce malin! 

Et le lac de ton palais, sera le fleuve de la vie... 

L'amont s'avale! 

Quoi de plus merveilleux?

10 septembre 2019

Juste

Un meilleur, un ailleur, un autrement...

Et pourquoi ne pas faire simplement, un saut dans le connu?

Juste ce qui nous tombe sous la main, s'offre à notre regard, se laisse saisir dans l'instant pour n'être plus qu'un vague souvenir dans la seconde qui suit? 

Juste être une succession de sons, de ceux qui s'élèvent au dedans et se répercutent en écho au dehors, à moins que ce ne soit l'inverse.

Qu'en saura-t-on, nous qui ne sommes faits que pour oublier de savoir au jour de notre mort?

10 septembre 2019

Au coeur de Bhagavan

Ton coeur est à gauche, et ne t'inquiète pas pour lui. Il battra tant que la Vie le lui demandera; demain ce sera la fin de ton tumulte, dans dix ans, dans cent ans, que lui importe, tant que tu lui es utile, toi si futil, lors de ses desseins dont nul ne comprend les causes, les conséquences et les lois, peut-être pas même Elle, qui ne fait que jouer ses propres cartes, dont elle finit par se lasser, Reine des Bohemiennes. 
"Mais que me reste-t-il?" te demandes-tu, mi rien, mi quelque chose de plus.
Et bien... cette vacuité au sein de ta propre poitrine, ce puits situé à droite de ta colonne de vertèbres, une antichambre, une crypte de mystère, un " je ne sais quoi, je n'en sais rien", où tu puisses épouser l'entièreté du Tout de l'autre.
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